Chapitres
- 01. Les tons, qu'es-aquo ?
- 02. L'importance des accentuations chinoises
- 03. Tout ce qu'il vaut savoir sur le premier ton (阴平)
- 04. Le deuxième ton du mandarin (阳平)
- 05. La troisième tonalité en chinois (上声)
- 06. Le quatrième ton (去声) !
- 07. Un cinquième ton (轻声) ?
- 08. Comment maîtriser les tons en mandarin ?
« La langue bute toujours sur la dent qui fait mal. »
Proverbe chinois
Beaucoup de Français ont déjà bien du mal à s'y retrouver avec l'anglais, dont la prononciation est très particulière et pas toujours en adéquation avec ce qu'il nous semble lire… Le chinois a la réputation d'être une langue difficile à maîtriser, comme en témoigne le réflexe commun : « je n'y comprends rien, c'est du chinois ! » Si l'écrit, avec ses idéogrammes qui ont de quoi dérouter nos esprits latins, est déjà peu aisé à assimiler, faisant appel au meilleur de la mémoire humaine, il serait faux de croire que l'oral soit plus facile. Apprendre la langue chinoise, c'est se heurter très rapidement à la question des tons. La plupart des sinophiles qui abandonnent leurs cours par correspondance ou particuliers de mandarin le font à cause des tons, un obstacle leur semblant – à tort – insurmontable. Et donc, pour qu'une petite difficulté ne devienne pas rapidement une grosse épine dans le pied, mieux vaut désamorcer le problème en le prenant à bras-le-corps, à sa base, pour le comprendre tout à fait !
Les tons, qu'es-aquo ?
Le français, ne serait-ce que comparé avec les dialectes de nos voisins, est une langue atone – les Italiens, si chantants, diraient peut-être « monotone » ? Le mandarin est quant à lui une langue tonale : des syllabes de structure identique sont différenciées selon l'accentuation donnée. Traditionnellement, les linguistes distinguent 4 dons différents en chinois. Ce sont un peu les quatre dimensions des langues chinoises, distinguées les unes des autres par des hauteurs de prononciation d'une même syllabe divergentes. En encadrant nos cordes vocales comme dans une portée musicale, nous pourrions donner le schéma suivant pour différencier les quatre grands tons mandarins :
L'importance des accentuations chinoises
La maîtrise des tons en Extrême-Orient est essentielle pour se faire comprendre. Là-bas, l'intonation ne sert pas à exprimer des émotions : non, elle fait partie intégrante du sens d'une phrase, comme si elle appartenait à la grammaire ! Imaginez-vous vouloir être poli avec une personne importante mais, par erreur de prononciation, dire un gros mot… Une méprise qu'il vaut mieux, vous en conviendrez, éviter en s'efforçant dès le début de son apprentissage de la langue chinoise de faire attention à sa prononciation. Évidemment, comme un débutant n'est pas censé déchiffrer n'importe quel idéogramme dès sa première année de cours chinois, il est courant d'utiliser des retranscriptions en alphabet latin pour se familiariser avec la prononciation chinoise. Dans ce cas-là, les tons sont différenciés sur les voyelles par des accents, également appelés « signes diacritiques ». La meilleure façon de se rendre compte de l'importance des tons en chinois, c'est de se pencher sur un chef-d'œuvre de la littérature mandarine : le texte « 赵元任 (Le lion qui mangea le poète) ». Sur l'équivalent de 10 vers, une seule et même syllabe revient : shi. Ce serait redondant à écouter et sans queue ni tête… si ce n'était les fameux tons donnant un sens très précis à chaque terme ! Il faut quand même avouer que cette prouesse a été facilitée par le fait que le poète dévoré s'appelle… Shi ! Histoire d'en rajouter une couche.
Tout ce qu'il vaut savoir sur le premier ton (阴平)
Le premier ton du chinois est le plus simple de tous : c'est l'absence d'intonation, la voyelle étant stable, mais sur une note « haute ». Logiquement, dans la transcription écrite, le premier ton chinois est indiqué par un accent plat. En reprenant notre exemple de base, nous obtiendrions mā (la mère).
Le deuxième ton du mandarin (阳平)
Le deuxième ton chinois suit une courbe ascendante : on part d'en bas et on monte rapidement. On le retranscrit logiquement par un accent aigu, dont la pente illustre bien la courbe suivie par la voix : má (le chanvre). C'est peu ou prou l'intonation quand vous répondez au téléphone : « Allô ? »
La troisième tonalité en chinois (上声)
Le troisième ton de la langue chinoise mandarine est sans doute le plus inhabituel pour une Européen. Là, il ne s'agit plus de suivre une trajectoire rectiligne, mais de décrire un long mouvement commençant mi-bas, descendant encore, puis remontant haut. C'est pour cette raison que le troisième ton est signalé par un genre d'accent circonflexe renversé (ou une parabole). Exemple : mǎ (le cheval). En français, ce serait un peu comme re-prononcer la même voyelle en suivant (« graal »), ou alors le mot de surprise : « quoi ?! » L'usage mandarin montre bien que le troisième ton est le plus difficile de tous à prononcer. Il est parfois humainement impossible de l'intercaler dans certaines phrases… Eh oui, toute langue a ses exceptions qui confirment la règle !
Le quatrième ton (去声) !
Le dernier ton canonique du mandarin ressemble davantage au deuxième ton, dont il est en quelque sorte le reflet. On part du plus haut possible (sur la même base que le premier ton), puis on descend de manière homogène (jusqu'à atteindre le point le plus bas atteint par le troisième ton). Sans surprise, c'est l'accent grave qui vient illustrer cette intonation verbale : mà (insulte). C'est une intonation sèche, un peu comme l'allemand des comédies avec Funès et Bourvil… Faites comme si vous donniez un ordre !
Un cinquième ton (轻声) ?
Vous croyiez que nous en avions terminé ? Eh non ! Si les experts en idiome chinois retiennent communément quatre tons positifs pour le mandarin, il est tout à fait possible de leur en adjoindre un cinquième. C'est le ton nul ou zéro, tellement léger que la voyelle concernée… ne s'entend quasiment pas. Les spécialistes préfèrent l'expression de « ton neutre ». Ce n'est pas toujours évident de s'y retrouver… et mieux vaut avoir l'oreille fine. Fort logiquement, ce ton-là (ou cette absence de ton ?) est mis en exergue pas la voyelle brute, sans accent : ma (une particule interrogative). Connaissez-vous l'influence du chinois en Asie ?
Comment maîtriser les tons en mandarin ?
Notre long exposé pourra avoir paru indigeste, et la langue chinoise particulièrement scrupuleuse – pour employer un mot respectueux. Le taureau doit être pris par les cornes (à moins qu'il ne faille parler de « dragon » pour l'Empire du Milieu ?), et il faut avouer que, seul, il est à peu près impossible de se dépatouiller dans ces histoires de prononciation. Ne pas rester seul, aujourd'hui, c'est chose possible en restant chez soi et sans quitter son écran d'ordinateur : Internet est une véritable mine d'or. Les nouvelles technologies nous offrent de quoi satisfaire à une condition sine qua non d'une réelle progression en chinois : l'écoute, rendue pédagogique et presque interactive par des supports audiovisuels conçus exprès pour l'apprentissage des tons.
La plateforme qui connecte profs particuliers et élèves